ARGENTINELEE
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bio
Née
en 1975 à Pusan (Corée du Sud), Argentinelee vit et travaille
à Paris, Séoul, Tokyo et Pusan. Diplômée de l’École
nationale supérieure des beaux-arts de Paris en mars 2003 et diplômée
de l'université d'Arts plastiques à Pusan en 1997. Artiste multimédia
coréenne, Argentinelee organise aussi temporairement des expositions
internationales. Dans son travail artistique, elle explore la vidéo-installation
interactive, la performance, la photographie et l'objet avec l'image numérique
retravaillée sur l’ordinateur. Argentinelee s'intéresse
à la relation entre l'homme et la machine. Ayant de la confusion entre
l'émotion et la logique, dans la société post-industrielle
l'homme extériorise, objective et standardise son individualité
en appliquant des moyens automatisés par l'ordinateur. Ceci qu'elle
questionne et traduit en image numérique et surtout dans l'installation
de la vidéo numérique.
Argentinelee expose régulièrement son oeuvre expérimentale
dans les espaces institutionnels, Foire de l’Art Vidéo, Festival
d’Arts Numériques, Centre d’Art et Musée d’Art
Contemporain : Atlantis Gallery à Londre (2001), Palais de Toyko (2003),
Centre culture français de Tokyo (2003), Musée d’Art Moderne
de la ville Busan (2004) et Séoul (2005), Mains d’oeuvres (2007),
Digital & Video Art Fair in Paris (2007), Festival des films internationaux
à Stuttgart en Allemagne (2008) et de Sarajevo en Bosnie (2005-2007)…
etc.
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écrit par l'artiste
Le corps dans l'interface technologique : Homme-Machine/ Machine-Homme
Le développement technologique sur l'intelligence artificielle et la
question de l'identité humaine dans la technologie du futur.
"
La question d'identité me semble être aujourd’hui centrale
dans les technologies et les médias actuels. Les hommes sont en permanence
"connectés" au monde, la surcharge d'informations et de machines
électroniques en tout genre crée les conditions d'une vie particulière.
L'homme remplace l'homme par la machine.
Aujourdhui un cyborg est capable de supporter une situation impossible pour
travailler dans le cosmos. Dans le futur, l'homme ne s'intéressera
plus à l'organisme de la nature; la capacité à s'adapter
et à se reproduire ne sera plus privilégiée.
L'homme deviendra un créateur d'êtres avec sa biotechnologie
et traversera les limites divines. L'activité humaine dessine un environnement
technologique qui se perpétue et s'accumule. Cet environnement complexe
et variable devient une interface informatique qui agit comme connecteur au
monde. Dans cette situation totalement artificielle, l'homme devient de plus
en plus la seule mauvaise composante de l'espace numérique. C'est un
paradoxe, l'homme souhaite créer l'intelligence artificielle mais dans
le même temps il confronte sa sensibilité à la logique,
ou sont alors la confiance, l'amour, la tolérance...etc. Je cherche
dans mon travail a représenter cette interface comme un environnement.
Je réalise des installations vidéo sonores ou l'interactivité
est une sorte d'espace logique, reproductif tout en étant par certains
aspects très mathématique et artificiels. le corps et l'homme
devient alors le sujet sur cette limite entre logique et sensibilité.
Dans ma recherche artistique personnelle (voir porte folio) j'imagine le développement
futur de l'homme dans sa matrice technologique.
Je pose la question de l'univers naturel des hommes en harmonie ou non avec
leurs machines. La question est de voir si il existe un idéal technologique
ou l'homme existerait pleinement sans aucune disparition de son identité
et sa subjectivité en relation avec le monde." _ Argentinelee
2005
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écrit par le commissaire du Centre Culturel Coréen à Paris en France
Sou-Hyeun KIM, historienne de l'art à Paris
" Géométries
sensibles "
Le travail d’Argentinelee révèle
l’excès de standardisation et de mécanisation du monde
postmoderne, dans lequel la vitesse du progrès machinique minore l’humanité
et la sensibilité humaine au profit de la puissance et de la maîtrise.
Depuis la modernisation et l’industrialisation, les systèmes
technologiques, régis par l’efficacité et le fonctionnalisme,
outils de domination sociale, sont devenus d’une grande complexité
qui dépasse l’individu. Sur le plan esthétique, depuis
la période de la Renaissance, la notion de perspective est le produit
de la modernisation: elle permet la maîtrise de l’espace à
travers la géométrisation du réel.
Quant à elle, Argentinelee met en avant le système géométrique
et en révèle un autre aspect : elle signale le décalage
entre la règle et la réalité. Chez elle, la perception
du corps est une représentation métaphorique du sentiment, de
la psychologie, et même de l’inconscient. Paradoxalement, elle
utilise les formes géométriques - sphères, cubes et cônes
- pour lutter contre la géométrie, pour dévoiler cette
autre face, dissimulée, de la forme. Argentinelee a recours au corps,
lieu de modes multiples de saisie perceptive : perception optique, certes,
mais aussi tactile, sensible. La géométrie refoule la dimension
organique, dissimulée sous l’abstraction idéalisante de
la forme pure, mais Argentinelee expose justement cette dimension occultée
qui transparaît dans ses structures géométriques organisées
avec des corps qui servent de modules dans des matrices formelles que l’on
peut nommer des « géométries sensibles ».
Ces modules de corps amoncelés, déformés, amalgamés
les uns aux autres, forment des figures géométriques abstraites
et dépersonnalisées. Comme ces corps dans « Clonologie
», corps dupliqués comme dans un jeu sans fin de reflets, comme
sur un chaîne de montage industriel. Ces corps sont réversibles
: ce sont des hommes et des femmes, sans hiérarchie, sans endroit ni
envers - des corps humains anonymes qui se situent en-deçà des
clivages ordinaires. Ces corps sont hybrides - hybrides et séparés
: unis dans un même corps, jamais ils ne pourront se rencontrer dans
un acte d’union physique et psychique. Ces corps ne sont plus des corps
individués et singuliers, dotés d’une étendue propre
qui les situe dans un espace particulier. Ils se dupliquent comme des lettres
ou des syntagmes dans une syntaxe rigoureuse et abstraite, comme des modules
dans un dispositif. Ils s’agglomèrent dans des amas où
deviennent pratiquement indiscernables les limites du corps propre. On peut
songer ici à l’œuvre de Dali en collaboration avec le photographe
Philippe Halsman et ses enchevêtrements de corps qui, vus à une
certaine distance, représentent un crâne, mêlant ainsi
Eros et Thanatos.
Mais Argentinelee va plus loin dans le traitement des corps, qui s’accumulent
dans des formes géométriques : son projet n’est pas figuratif
ou allégorique. Le corps n’est pas simplement vu en tant que
représentation de la mortalité dans des œuvres situées
dans le genre de la Vanité, ou comme support de fantasme érotique.
Il n’est pas un simple module dans une structure schématique
qui se déploie tel un circuit électronique dans un espace abstrait,
virtuel. Il est connecteur, trait d’union avec un autre corps. Il est
sensibilité.
Avec ses dessins, qui oscillent entre la planche anatomique, le plan d’architecte
ou le schéma d’ingénieur, Argentinelee traque l’humain
en ce qu’il a de spécifique. Le corps humain-machine se fond
dans divers dispositifs machiniques. Les dessins, traces sur le papier d’un
geste humain, sont faits au stylo à bille : outil banal de l’écriture
ordinaire, procédé mécanique qui évoque le roulement
à billes des appareils. Les dessins sont froids, précis, étudiés
: libres d’affect, peu soucieux d’être les reflets exacts
de la réalité telle que nous la connaissons, ils sont dégagés
de tout sentimentalisme. Les muscles et les articulations du corps humain
sont traités avec la rigueur de l’anatomiste ou de l’ingénieur.
Le corps (les fragments de corps) que ces dessins suggèrent sont faits
pour fonctionner. L’ergonomie règne, ce qui est décoratif
ou anecdotique est éradiqué. Le muscle et l’os se combinent
à des dispositifs artificiels qui s’y greffent pour en augmenter
le rendement. Les corps-machines-outils doivent être efficaces : ils
produisent, ils fournissent un travail qui nécessite de l’énergie.
L’artiste-ingénieur cherche les moyens techniques d’en
décupler la puissance.
De cette manière, Argentinelee nous fait entrevoir le post-humain,
le cyborg, peut-être rendu puissant par ses prothèses mais aussi
victime de la glaciation des sentiments. Ce à quoi s’opposent
la plasticité des chairs, et le corps comme surface sensible, zone
de contact avec le monde extérieur et autrui.
_Sou-Hyeun
Kim, historienne
d'art, Paris, 2009
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écrit par le commissaire du Centre Culturel Coréen à Paris en France
Sou-Hyeun KIM, commissaire d'exposition au Centre culturel coréen à Paris
" Cristal - Utopie : exposition d'Argentinelee
et de ses collaborateurs "
Née
en 1975 à Busan, en Corée du Sud, Argentine Lee vit et travaille
à Paris, Séoul, et Tokyo. Diplômée de l'Université
d'Arts plastiques de Busan en 1997, puis de l'Ecole Nationale Supérieure
des Beaux-arts de Paris en 2003, elle a présenté des expositions
en France, en Corée, au Japon, en Allemagne, et aussi en Israël,
en Bosnie, au Portugal… En tant que vidéaste, elle travaille
avec des collaborateurs français (Sébastien Szczyrk, Luc Hespel
pour le son) et coréens (Kim Hyun-Myong, Kim Han-Mil) qui créent
un environnement multi sensoriel autour de ses œuvres, dans une démarche
pluridisciplinaire.
Pour l'exposition au Centre Culturel Coréen, une partie de son travail
vidéo est montrée sous forme photographique, ce qui permet de
mieux percevoir l’architecture du monde visuel d’Argentinelee.
Le titre de l’exposition, « Cristal-Utopie », représente
l’impact des bouleversements socio technologiques sur la subjectivité
contemporaine. Les progrès technologiques se présentent comme
conditions de mise en place d’une nouvelle utopie, mais ils peuvent
aussi être déshumanisants et, en raison même de leur sophistication,
les appareils d’aujourd’hui sont délicats. Dans l’œuvre
Database Panorama, la machine, le programme, le logiciel, sont des outils
de démultiplication des moyens et des forces de l’homme, semblables
en ceci à la structure du cristal, qui est également fragile
et vulnérable.
Les œuvres présentées dans cette exposition illustrent
l’idée d’hyper fragilité d’un système
très élaboré dans des images architecturales qui ne montrent
pas un objet réel mais une structure virtuelle habituellement invisible,
qui représente métaphoriquement la multiplication proliférante
de la technologie et en questionne le sens profond. Eloge ou critique de l’utopie
? Cette exposition permettra au visiteur de faire son choix. _ Sou
Hyeun Kim, commissaire d'exposition au Centre culturel coréen à
Paris, 2008
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écrit par le critique d'art en France
Adrien Pasternak, critique d'art à Paris
« Tout au long du parcours de cette exposition,
un sort semble planer sur le paradis illusoire des « machines de vision
».
Conçue en collaboration avec le musicien Sébastien
Sczcyrk, X-Vision (2007) mêle interactions sonores en temps réel
et images numériques. Le spectateur est d’emblée propulsé
au cœur d’une insolite machine de vision. Les mécanismes
de la machine paraissent de prime abord infiniment petits. Mais à y
regarder de plus près et au fil de l’action ce qui s’opère
s’avère être plus complexe. Voilà qu’en pleine
trajectoire, la machine que nous introspections nous tient à l’écart.
Qui sait, serions-nous à notre tour refoulés infiniment plus
loin : aux mannettes d’un engin spatial les seuls détenteurs
des codes d'accès de cet univers ? L’expression visuelle est
soudainement faussée par la présence de particules nano miroitantes…
Celles-ci ressurgissent au sein du système informatique telles des
cristaux tandis que les sons grincent continuellement jusqu’à
arrêt complet. Malgré les contradictions la scène parvient
à conjuguer minimalisme et maximalisme en toute simplicité.
Ces éléments s’apparentent à une plateforme suspendue
dans le temps. Réduite à la plus petite échelle, la perspective
ne nous apporte aucun confort perceptif quel que soit l'angle de vue. Par
la saturation instantanée de l’image et du son, le regard subjectif
que nous porterions à une œuvre « classique » se trouve
diminué : permutations sur l’oubli des émotions humaines,
place à la machine. D’image en image s'égraine un nouveau
langage. Ce qui défile sous nos yeux est servi « brut-de-décoffrage
» faisant allusion à l’âme quasi-mortuaire du système
informatique. Dans notre quotidien et au-delà de cette animation virtuelle
projetée par l’artiste, les machines de vision sont rarement
à l'heure actuelle d’énormes objets. La machine utilisée
pour projeter la vidéo dans le contexte de cette exposition bénéficie
de capacités similaires à celles de l’appareil d’X-vision
: L’objet servant de support à la présentation de l’œuvre
d’Argentinelee évoque un témoignage dans le témoignage.
Les séries Digicosmos et Database panorama (2008) constituent des traces
importantes dans le parcours d’Argentinelee. Il s’agit en réalité
des premières photographies inspirées et issues d’extraits
provenant de vidéos portant le même nom. Celles-ci ont été
conçues antérieurement de 2006 à 2008. Réalisées
entre Paris et Pusan, les 18 photographies de Digicosmos tentent de créer
un dialogue entre nos deux cultures. Elles sont représentatives de
la condition post-humaine à l’ère numérique. L’on
retrouve comme dans beaucoup de ses projets, une réflexion désormais
constante sur l’influence que les nouvelles technologies imposent à
nos identités. Les premières photographies de la série
affichent une volonté d’opposition - « farouche »
envers les institutions-phares de nos pays : patrimoine, transports en commun,
plus largement l’environnement naturel et social. En réalité,
pas une photographie n’est ici radicalement marquée par des différences.
Digicosmos viserait plus à nous éloigner pour mieux nous rapprocher
dans notre temps et dans nos modes de vie, ce au moyen des réseaux
informatiques auxquels le « commun des mortels » a recours. Argentinelee
parvient à trouver le rythme pour nous emporter vers le « cosmos
digital » - commun, propre à son œuvre. Non sans une pointe
de futurisme dans la narration des images tout ce qui affère aux nouvelles
technologies du 21e siècle demeure un point d’attache central.
Dans les 40 photographies de Database panorama s’anime une sphère
composée de vides et de pleins. Les rapports de l’homme et de
la machine sont moins mis en évidence pour laisser libre court à
notre perception intime de l’image numérique. Il s’agit
d’un monde à mi-chemin entre le « virtuel-virtuel »
- ses pixels accentués volontairement, et le réel, réel,
une série singulière et à ne pas manquer de suivre de
près ! _ Adrien Pasternak, septembre
2008
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écrit par le curator du Musée d'art moderne de la ville de Busan en Corée du Sud
Gyu Sik AHN, Curator of Busan Museum of Modern Art
" Argentinelee - A metaphor of inversion to the
"fragility"
The works by Argentine Lee have been expressed the problem
of present technological environment comparing to the relationship of a strong
man and weak man with new media such as computer, digital video and digital
sounds. The (Collective Projection) in this exhibition is a work of same context
and observes various meaning derived from inserting audience and art work.
A thousand of dishes on the floor that begin from the entrance can be seen
at a glance. There is writing on the dented surface of each dish. It looks
like a name. Over the dished, there are sixteen TV monitors put on the inner
area of exhibition hall with regular intervals and rough breathings of naked
people of various races and sex can be seen from the monitor. These arrangements
of dishes and images are quite unnatural and it is because the connection
of two mediums is not easily captured and it generously gives a feeling of
oppression. The sounds of step on the dishes walking through to the inside
of exhibition hall increase the curiosity about the artist's intention. On
the other hands, the naked images of TV monitor stopped rough breathing and
stay in the calmness armed with iron armor. The transforms of monitor images
are repeated periodically according to a certain flow.
It seems that the artist intends to step on the dishes to see the image of
TV. The audiences are very careful when they enter the entrance but soon they
are accustomed to step on the dishes. One question is coming out here. Why
the names are written on the dishes that will be broken? (It is easily noticed
that the writings are names of people). It is known that the artist wants
to give a life to dishes by naming (it is a name of existing person printed
on the transparent tape) each one from the interview with the artist. In other
words, she treated dishes as a existence of man character rather than a thing
and she wants to express functional relation between the action of stepping
and breaking , and stepped and broken. The functional relation is probably
the relationship between a weak man and a strong man, in other words it is
a relationship between a force and pain. She put the audience on the strong
side and the dishes on the weak side. Therefore she wants to make people who
have been lived without a consideration to the weak person experience how
the force of strong man affects to the weak person.
She exposed a vital part of present society. It is a problem about the isolation
of individuals that experiences in the group and it is unexposed but more
serious problem of current society. The darkness after the post industrial
society such as moral slackness, absence of tradition, lost of identity by
them, break of mutual trust and ferocity of the capitalism leads a person
to the sealed closet. She shows this extreme individual situation through
the image of people armed with iron armor. Naked people show the life activity
without slip on anything. They confirm their life breathing roughly as if
they don't aware of the existence of others but soon they hear other's breathing
and start to aware their freedom is interrupted. As that awareness is getting
closer, they operate the mechanism to instinctively protect themselves. With
the shut of protecting layer, their freedoms are locked in the silence like
the grave. The artist produces our reality like a play on the stage by repeatedly
showing this process. However this work that shows the irrationality of present
society requests a new inversion instead of staying as a tragic drama. The
inversion is a recovery to the relationship that can be trust each other,
in other words, a recovery of humanity." _Gyu
Sik AHN, Curator of Busan Museum of Modern Art, 2004